Le vitrail un reflet de l’âme

Au cours de la récente conférence organisée par l’association Arts & Cloître dans le caveau de la Chartreuse de Molsheim, le docteur en histoire de l’art médiéval Jean-Paul Deremble a levé un coin de mystère sur les vitraux contemporains.

« La fabrication du verre, étape préalable nécessaire pour élaborer un vitrail, renvoie aux quatre éléments », lance Jean-Paul Deremble, maître de conférences à l’Université de Lille.

Passerelle entre la terre et la lumière, le vitrail est un étrange moyen de transcendance. Depuis sa création au crépuscule d’un VIIe  siècle austère, il fascine et invite à élever le regard sinon l’esprit.

Traverser le monde du vitrail, c’est aussi rassembler sur un même support des symboliques

Il y a peu de temps, une conférence avait été entièrement dédiée au vitrail médiéval. Tout récemment, une autre, également inscrite dans le cycle des rencontres de l’association Arts & Cloître, explorait des réalisations plus contemporaines. En liminaire, Jean-Paul Deremble, docteur en histoire de l’art médiéval et maître de conférences à l’Université de Lille, est revenu sur les étapes de d’élaboration d’un vitrail, mettant en jeu les quatre éléments : « Une fois extrait de la terre, le sable est nettoyé. Puis, la silice dont il est pourvu est chauffée par le feu jusqu’à 1 200°, moment de sa fusion. Puis le souffleur modèle la pâte de verre en insufflant de l’air, pour devenir une matière translucide comme une eau solidifiée », énumère-t-il.

Car traverser le monde du vitrail, c’est aussi rassembler sur un même support des symboliques, l’histoire des religions, une démarche artistique et ses aspirations mystiques personnelles.

« Une vérité par-delà la lumière »

Pour le public présent, le voyage n’en est que plus passionnant et ce nouveau chapitre est allé chercher des lignes de fuite surprenantes pour établir une cartographie des multiples formes de vitraux contemporains. « Je vous propose une classification suivant la Création biblique du monde », annonce l’universitaire.

En partant du premier jour, dédié aux ténèbres où les vitraux monochromatiques de l’abbaye de Conques, réalisés par Pierre Soulages, en sont la plus éclatante illustration, le docteur en histoire de l’art médiéval a égrainé le temps comme autant de révélation. Le deuxième jour est celui de la couleur « caractérisée par l’Oculus rouge de l’église de Salagon d’Aurélie Nemours. La couleur est au service de la lumière.

L’Apocalypse, qui étymologiquement signifie « au-delà des couleurs », annonce une vérité par-delà la lumière », révèle Jean-Paul Deremble.

Le lien entre la Création biblique et l’imaginaire des vitraux a pu ainsi être décliné. Un détour fut fait par l’église Saint-Denis de Gerstheim, où les vitraux recomposés suite à l’incendie du bâtiment s’inscrivent dans le sixième jour, qui vit l’apparition de l’Homme.

Un moment fort puisque Sylvie Lander, artiste ayant réalisé ces vitraux, était présente dans l’assistance. « Je suis partie d’un travail sur Grünewald. J’ai souhaité symboliser la renaissance de cet édifice et parler de Résurrection à travers la lumière », explique-t-elle. Dans un subtil filigrane, des formes apparaissent, invitant à voir au-delà, tel un reflet de nos âmes en somme.

F.M.

Article paru dans les D.N.A. du 06/02/2019