Sophie de Gourcy, invitée des visioconférences Arts et cloître a présenté de façon passionnante un des chefs d’œuvres de Michel-Ange : la chapelle Sixtine à Rome. Lieu de proclamation des papes et des dogmes de l’Eglise catholique, cette chapelle commandée par le pape Jules II représente le noyau et le joyau de la chrétienté.
« Giorgio Vasari écrivait que les gens rentraient en hurlant et criant dans la Chapelle Sixtine puis se taisaient devant l’immensité du travail accompli », indique Sophie de Gourcy. Elle ajoute que Michel Ange travailla presque seul à l’exception de la structure de la voûte pour laquelle il fit appel à quelques aides. Il décora une surface de 100 mètres carrés et mis en scène 300 personnes, tirées de la Bible dont, 7 prophètes et 5 sybilles.
Le temps avant la Loi et avant la Grâce
Elle précise que cette commande a occasionné chez Michel Ange une véritable souffrance physique. Il dut étirer son corps et travailler à bout de bras. Il vieillit de vingt ans. Il y travailla de 1508 à 1512, avec quelques interruptions en 1510. « Michel -Ange a représenté sur le plafond le temps avant la Loi et avant la Grâce. Ainsi en est-il des épisodes de la vie de Noé. Au ras de la voûte, il place les ancêtres du Christ. Michel-Ange envisage la mort comme un retour au Créateur. » Les 20 ignudi, hommes nus, représentant les corps glorieux ressuscités, expriment la vertu idéale et s’inspirent directement des esclaves réalisés par Michel-Ange pour le projet de tombeau de Jules II. Un artiste, élève de Michel ange sera désigné pour les rhabiller sous un autre pape !
Techniques et inspirations
La technique de la fresque est très rapide : sur un enduit humide, il faut travailler dans les huit heures. Michel -Ange s’inspire de la sculpture gréco-romaine (Laocoon, ou torse du belvédère) mais également de Masaccio ou des portes de Ghiberti au baptistère de Florence. Il annonce le mouvement maniériste (figure en torsion) qui suivra ainsi que le baroque avec l’instabilité et le mouvement. Il ne reste que 800 dessins de l’artiste car il les détruisait au fur et à mesure, ne voulant pas qu’on le copie. Il s’est servi de carton perforé pour aller plus vite dans sa réalisation.
Enfin, la scène de la création d’Adam, la plus connue résulte d’une idée géniale : le corps attend juste que l’âme y soit insufflée. « Cette idée proviendrait du chant du Veni Creator. Enfin, 40 scènes pittoresques et familières dans les triangles vont révolutionner l’art contemporain, » fit-elle remarquer. Puis Michel Ange revint en 1541 à la Sixtine pour peindre le jugement dernier. Ce qui a fait dire à Vasari : « cette œuvre est le flambeau de notre art ! » Lors de la restauration de 1994, les couleurs très fraîches sont réapparues dans toute leur splendeur. Une étude minutieuse et très enrichissante pour un chef d’œuvre absolu !
L.L.