Le 7e art et la quête spirituelle

Pour l’ouverture de la 18e saison d’arts et cloître, consacrée à la mémoire et au sacré, le 7e art était à l’honneur samedi 21 octobre au caveau de la Chartreuse.

Une conférence d’Erik Pesenti-Rossi, professeur de cinéma à l’Université de Mulhouse et de Strasbourg, s’est intéressée aux quêtes spirituelles communes aux deux cinéastes, Roberto Rossellini (1906-1977) et Bruno Dumont (né en 1958) avec de nombreux extraits de films.

E. Pesenti-Rossi @ JMJ pour arts et cloître

« Depuis que l’homme existe, un vecteur parle à tout le monde, c’est l’image », introduit Erik Pesenti-Rossi, le conférencier. « Nul besoin de savoir écrire pour la comprendre. »

Les deux cinéastes sont attentifs à une sorte de spiritualité laïque qui amène à la conscience de soi et à la conscience du monde. Tous deux n’ont pas la foi mais ils recherchent ce qui est perçu par-delà les apparences immédiates et réalistes.

A priori, tout oppose les deux cinéastes. Rossellini met en scène l’Italie, Dumont la France contemporaine et souvent le nord. Ils ne sont pas de la même génération mais sont proches par le traitement des sujets choisis. Tous deux traitent du thème du rachat et de la rédemption.

Plans larges et gros plans

Rossellini écrit : « L’homme est un être debout qui se hausse sur la pointe des pieds pour regarder l’univers. » Dumont, lui, dit : « Je filme au bord d’un abîme. Un intercesseur, pas un prophète. Il faut préserver le mystère. »

Ainsi, les fractures des personnages avec la société permettent une prise de conscience et une élévation morale et spirituelle. Tous deux utilisent des plans larges pour les paysages mentaux et de très gros plans (inserts) pour accéder au cheminement des individus. On est au cœur de l’infiniment grand et de l’infiniment petit.

Ce fut une conférence magistrale où Erik Pesenti-Rossi a emmené son auditoire pas à pas avec beaucoup de pédagogie.

L.L.

Article paru dans les D.N.A. du 31/10//2023