Un stage de chant grégorien, sous l’égide d’Arts et cloître et de l’association Organum, a eu lieu à la chartreuse de Molsheim d’après un manuscrit chartreux.
Venus d’horizons très variés, quatorze stagiaires se sont mis le week-end dernier à l’écoute de Marcel Pérès, grande figure du chant ecclésiastique et médiéval.
Régulièrement l’association Arts et Cloître organise des ateliers pour faire découvrir l’activité du moine chartreux. Après l’enluminure, le modelage, la calligraphie… le chant grégorien. Le moine chartreux se rend trois fois par jour à l’église de son monastère où il y prie avec les autres membres de sa communauté et chantent ou psalmodient. Certains participants venaient de Munich, de Tübingen, d’Offenbourg, de Paris ou encore de Lille mais les Molshémiens étaient là aussi. Tous étaient motivés par l’apprentissage du chant grégorien et du chant chartreux au contact d’une personnalité hors pair, celle de Marcel Pérès. Musicien, organiste, il est le fondateur du CIRMA (Centre itinérant de recherches sur les musiques Anciennes) à Moissac et participe à de nombreux enregistrements et concerts partout dans le monde. Son action a été couronnée par plusieurs prix. Les stagiaires et leur animateur ont découvert la chartreuse de Molsheim et sont tombés sous son charme. Le jardin médiéval implanté à l’emplacement de l’ancien réfectoire des moines a eu beaucoup de succès avec ses légumes ou espèces anciennes.
Une page en peau de mouton
Il fallut d’abord apprendre à lire la partition du manuscrit de la chartreuse de Liège, datant du XIVe siècle. Ce qui ne fut pas toujours simple même pour les plus aguerris. Le système de notation n’est pas encore fixé et lorsqu’une peau de mouton constitue la page rare, non orthogonale et nécessaire d’un ouvrage, on met alors quelques rajouts sur les portées. Et seul un œil averti les détecte. Ensuite il s’est agi de comprendre la mentalité du chanteur et son expérience du temps.
« Les chartreux, à la charnière de plein de choses, ont le souci de la tradition et une expérience mystique très forte. Ils respectent encore celle du XIème siècle qui se transmet de maître à élève. La liturgie est un cheminement avec d’abord la proclamation de l’Evangile avant l’office de nuit et pendant celui-ci. Les chartreux chantent très lentement et par cœur pour développer le côté vibratoire du son. Il faut scander et trouver un rythme pour que le sens entre en nous », indique Marcel Pérès. » Pendant longtemps, le temps de la Parole était celui de l’instant puis à partir du XIIIème siècle le temps devient une construction géométrique (avec plusieurs voix par exemple). L’Occident s’est développé grâce à cette nouvelle définition du temps qui a permis d’organiser des séquences dédiées à telle ou telle activité et a favorisé l’expansion économique. Les chartreux envisagent le temps avec lenteur et sont loin du temps du monde. Cependant, pour les stagiaires ce fut une expérience unique, très riche, à réitérer.
L.L.
Article paru dans les D.N.A. du 08/10/2017
Bonjour
Je découdvre ce stage de chant cartusien à Molsheim. Je suppose qu’il s’agit d’un atelier destinée uniquement aux hommes ?
Pourriez vous dans ce cas m’indiquer des stages de chants liturgiques s’adressant aux femmes ?
Bien cordialement
Lena LLG
Cette session est ouverte à tous, à ceux qui veulent – pour la première fois – découvrir ce type de chant et aussi à ceux qui ont déjà une connaissance avancée du chant grégorien et qui voudraient s’ouvrir aux subtilités rythmiques du plain-chant gothique.