Arts et Cloître : l’exposition se poursuit jusqu’à dimanche à la chartreuse

L’exposition autour du thème « rencontres, silence et contemplation », se poursuit au Musée de la chartreuse de Molsheim jusqu’au 16 octobre. Elle réunit des œuvres très différentes par leurs approches et leurs supports de Rolf Ball, Pascal Meier et Bruno Rotival.

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Rolf Ball travaille depuis plus de vingt ans l’icône. Il avait alors exposé à la chartreuse. Son œuvre a beaucoup évolué entre-temps et s’inspire de cultures multiples. « A l’âge de 40 ans, Rolf s’embarque dans un cursus d’ethnologie à l’Université de Strasbourg, se spécialise dans les arts traditionnels d’Afrique et dans les expressions pariétales. Il écrit un mémoire sur l’art des Icônes byzantines, restaure en même temps des œuvres anciennes et avoue sa fascination pour les canons esthétiques rigoureux et les codes très stricts qui régissent l’art des icônes, » indique JF Ott. Ses œuvres portent à la rencontre avec l’autre et témoignent d’une joie et d’un émerveillement remarquables à travers un jeu de couleurs très vives qui restituent selon les couleurs une certaine perspective alors que l’icône traditionnelle pratique une perspective inversée.

Pascal Meier peint des enluminures avec une précision extraordinaire. A l’origine de son travail, il découvre en 1993 un livre d’Henri Stierlin, intitulé : « le livre de feu, l’Apocalypse et l’art mozarabe » qui le subjugue littéralement. Il est alors étudiant à l’école cantonale d’art de Lausanne. A cette époque, il était attiré par les arts hindous, bouddhiste, musulman et chrétien et l’art contemporain ne l’intéressait pas vraiment. En d’autres termes, il a une sorte de révélation en regardant les images du livre cité ci-dessus ; ironie du sort, il s’agissait de miniatures sur l’Apocalypse de St Jean. « Leur style quasi calligraphique et la franchise du trait ainsi que l’usage de couleurs saturées à l’extrême m’ont interpellé bien plus que le sujet traité pour lequel j’avais quelques réserves. Mais en mettant en parallèle les images de bien des Beatus mozarabes et le dernier texte de la Bible, je me suis aperçu qu’il y avait bien plus à dire que ce qu’on avait retenu de l’Apocalypse jusqu’à maintenant », précise-t-il. Son travail a commencé à partir d’une image du Hortus deliciarum, ouvrage du XIIe siècle, conservé quelque temps à la chartreuse de Molsheim. Bruno Rotival, nous donne à voir la vie des frères et pères chartreux dans leur monastère, ce que l’on ne voit pratiquement jamais puisque les pères vivent en silence et seuls dans leur cellule. Vingt-deux monastères de chartreux existent aujourd’hui dans le monde et vivent toujours selon la même règle. A chaque fois, il est précédé d’un moine qui lui ouvre la porte. Avec beaucoup de sensibilité, de discrétion, de pudeur et un vrai sens esthétique, il nous ouvre une petite lucarne sur le quotidien de leur vie, eux qui ont tout donné à Dieu. A découvrir avant la fermeture !

L.L.

Article paru dans les D.N.A. du 14/10/2016.